Appréciation et gestion de la dépense énergétique directe et indirecte en Agro-Synergie

Appréciation et gestion de la dépense énergétique directe et indirecte en Agro-Synergie

EN Agro-Synergie, il est d’abord nécessaire de ne pas utiliser de système énergivore de climatisation des installations. Dans mon vignoble, la climatisation de nos chais souterrains, donc très bien protégés, est réalisée par une ventilation dynamique pilotée par les différences de température intérieur/extérieur, moyen naturel qui est encore pour le moment tout à fait suffisant. Les bouteillers sont massivement isolés grâce à leur maçonnerie et au renforcement de isolation sous toiture (R4) et leur température contrôlée de la même manière avec une ventilation assistée aux différences de températures. Le cuvier de vinification est équipé bien entendu d’une thermorégulation avec pompe à chaleur air-eau qui n’est vraiment utilisée que pendant l’époque de la vinification ; le reste du temps si la conservation de vin est nécessaire en été, elle se déroule dans nos chais souterrains en béton à une température variant naturellement toute l’année entre 12 et 14°C sans intervention extérieure. La température intérieure de la résidence est modulée été comme hiver par un système de « puit canadien » qui évite le recours à l’air conditionné même au plus chaud de l’été et au plus froid de l’hiver. Nos bureaux sont équipés d’une climatisation réversible avec des consignes strictes d’économie d’usage

Nous ne produisons pas nous-mêmes d’électricité photovoltaïque ou éolienne car la production envisageable dans nos sites serait ridiculement faible et donc sans impact ni écologique, ni économique.

  • Nous cherchons à obtenir désormais une fourniture d’électricité garantie 100 % décarbonnée et si possible renouvelable auprès de fournisseurs ad hoc.

L’essentiel de notre dépense énergétique est donc concentrée dans les carburants fossiles (GNR) de nos outils de travail de la vigne et c’est un point critique dans toutes les modes de conduite « non-conventionnels » qui sont synonymes d’augmentation du nombre de passages dans les vignes !

Pour réduire cette consommation, nous avons procédé petit à petit à une réduction des puissances utiles des moteurs au strict nécessaire ; le changement des turbines de nos pulvérisateurs s’est également faite dans le souci d’une meilleure qualité de pulvérisation et d’une moindre demande d’énergie. L’entretien permanent de nos équipements sur place par notre équipe permet d’optimiser leurs performances et d’économiser sur les coûts démentiels des intervenants extérieurs : « matériel agricole, matériel à bricole »…cet adage est malheureusement très souvent vérifié et les professionnels du secteur en profitent excessivement à mon goût.

Actuellement, les moteurs agricoles suivent les évolutions des moteurs des transports routiers tant en sophistication, en dépollution qu’en matière de carburant. Des alternatives au pétrole ont été envisagées notamment avec d’autres carburants fossiles. Mais le GPLc (gaz de pétrole liquéfié carburant) et le GNV (gaz naturel pour véhicules) suivent l’évolution du pétrole aussi bien en termes de prix qu’en augmentation de la demande. D’autres carburants non issus de sources fossiles émergent, mais ils ne couvrent qu’une faible partie de la demande : les taux de substitution de pétrole par des biocarburants restent trop modérés, voisins de 10 %. La production d’esters pour le biodiesel représente à peine la moitié les besoins du machinisme et demeure encore trop coûteuse. La production d’hydrogène et d’agro-carburants de deuxième génération demande un niveau de technicité élevé et il est fort probable qu’ils ne pourront être compétitifs qu’avec les carburants fortement taxés des transports routiers. L’électricité n’apparaît pas comme une solution évidente compte tenu des puissances et de l’autonomie exigées lors des travaux agricoles. La floraison des petits robots gratteurs ou tondeurs est séduisante, mais ils répondent plus à un problème de main d’œuvre que d’énergie, c’est une solution d’avenir mais ils demeurent encore trop coûteux aujourd’hui, sauf pour la tonte de nos espaces verts (10 000 m²) qui est désormais réalisée par leur entremise chaque jour en remplacement des tondeuses thermiques. 

Il y a trente ans, différents carburants agricoles ont fait l’objet d’études et d’expérimentations. Ce sont les évolutions technologiques des motorisations de ces dix dernières années qui amènent à les envisager sous un nouvel angle car elles pourraient, en fin de compte, faciliter leur utilisation si une législation idiote ne finit pas par les interdire.

Pour réduire les émissions de gaz à effet de serre des véhicules agricoles, comme pour les véhicules conventionnels, il est nécessaire de réduire les consommations de carburant et d’utiliser des carburants alternatifs au pétrole. Pour pallier aux problèmes liés à une pénurie de production de pétrole, il existe plusieurs alternatives qui ne reposent pas sur des ressources d’origine fossile. Dans le cas de la filière agricole, contrairement à celles des transports, il est possible de substituer une quantité très significative de pétrole par des biocarburants qu’il convient de décliner en fonction des ressources locales ou régionales. Les barrières techniques ne sont pas insurmontables car l’utilisation de carburants alternatifs au pétrole ont fait l’objet de très nombreux travaux ces dernières années. L’huile végétale pure (HVP) est un bon exemple et il existe aujourd’hui des tracteurs neufs garantis et une norme de qualité d’HVP est en construction pour satisfaire aux normes européennes (III A-III B). Les huiles végétales sont connues depuis longtemps pour leurs caractéristiques « carburants » proches de celles des fiouls les rendant ainsi utilisables dans les moteurs diesels. L’éthanol est utilisé quotidiennement en moteur diesel dans des centaines de bus et le biogaz s’appuie sur les équipements GNV. Pour le biogaz, des kits existent pour réaliser les adaptations sur des tracteurs mais la production, l’acheminement et le stockage du gaz restent encore problématiques. Toutes ces solutions présentent de réels avantages environnementaux et contribuent à la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

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1 Vaitilingom, G., Agier, Y. & Lacour, S. (2012). Un carburant spécifique pour les engins agricoles : étude de quatre filières de production de biocarburants agricoles. Sciences Eaux & Territoires, 7, 54-60. https://doi.org/10.3917/set.007.0054

 

La question des normes de plus en plus restrictives sur les émissions polluantes des moteurs ne constitue pas un frein à ces solutions. De nombreux travaux montrent l’équivalence des émissions polluantes produites par un moteur d’un carburant à un autre  Les barrières non techniques sont sans doute plus complexes. On peut citer le maintien de détaxes ou l’octroi d’exonérations, mais également l’acceptation de la part des utilisateurs dans un contexte de fluctuations des cours des matières premières agricoles et énergétiques. Utilisant des ressources maîtrisables au niveau des exploitations ou des territoires agricoles, ces techniques pourraient être applicables rapidement. Plutôt que d’imaginer des tracteurs électriques un peu illusoires, les constructeurs de matériels, très mobilisés par les nouvelles réglementations liées aux gaz d’échappement, mériteraient un soutien en faveur du développement d’une des filières présentées. L’idée défendue également est le caractère «développement durable» de ces carburants agricoles et leur vertu potentielle à être plus sensibilisateurs à une gestion raisonnée de la consommation en carburant. 

  • Sans se focaliser sur les notions « d’impact Carbone » et « d’émission de GES » très à la mode en ce moment, il est nécessaire pour respecter le principe Agro-Synergique de prendre en compte le cycle global de l’énergie consommée et des émissions cumulées de carbone générées par nous-mêmes. Il est évident que des énergies bio-sourcées produites au plan local ou national représenteraient une solution éminemment favorable aux plans techniques, économiques et environnementaux. Malheureusement, l’offre technique et les coûts sont encore excessivement prohibitifs…Pour autant, nous nous engageons à mener toutes les expérimentations nécessaires sur nos motorisations pour évoluer dans ce sens aussi vite que possible. La récolte mécanique demeure un point noir pour les exploitations l’utilisant car les sur-motorisations des récolteuses provoquent aujourd’hui une consommation de carburant relativement excessive que l’on pourra certainement réviser à la baisse avec l’évolution des technologies.
  • La gestion des déchets et des rejets directs dans l’environnement

Les déchets viticoles se résument principalement aux emballages des produits phytosanitaires (cuivre et soufre) employés qui font l’objet d’un recyclage strict imposé par la législation et aux déchets liés à l’entretien des matériels (déchets souillés d’hydrocarbures) qui font également aussi l’objet d’un recyclage spécifique en centre agréé.

Les déchets œnologiques sont inexistants car, tant les lies de soutirage que les marcs de pressurage qui représentent les volumes les plus conséquents, sont de tous temps livrés à la distillerie pour en extraire de l’alcool (prestations viniques) ; les résidus de distillation sont ensuite compostés et réintégrés plus tard aux sols agricoles. Les produits de détartrage des cuves à base d’alcalins concentrés sont utilisés en circuit fermés puis recyclés pour en extraire de l’acide tartrique purifié réutilisable éventuellement en vinification. 

Si nous suivions la démagogie écologiste ambiante, compte tenu de ses propriétés de « gaz à effet de serre » (GES), le dioxyde de carbone émis par la fermentation alcoolique pourrait constituer un déchet dont le rejet ne devrait-il pas être contrôlé ? On trouve des chiffres totalement aberrant dans la littérature verte affirmant que la seule fermentation du moût de raisin libère plus d’une tonne de CO2 par hectare….et qu’il est donc capital de réduire ces émission par des installations de captation produisant du bicarbonate de calcium, dont ensuite on ne sait que faire (ou pas grand-chose d’utile) et qui surtout ne représente pas un puit de carbone stable (à l’inverse du carbonate de calcium).

Tout d’abord leurs calculs sont faux, la fermentation alcoolique ne produit que la moitié de ce qui est annoncé (500-600 kg/ha/an), ensuite, cette production, à laquelle il faut ajouter le CO2 de la respiration de la vigne et des couverts végétaux et déduire l’éthanol stable accumulé dans le vin au cours de décennies, est plus qu’équilibrée (c’est-à-dire que le bilan est même négatif) par le CO2 fixé par les bois, les charpentes de la vigne (à condition de ne pas brûler les bois de taille) et par le couvert végétal (à condition qu’il soit permanent). 

L’essentiel du bilan carbone de la vitiviniculture est donc concentré dans les carburants des tracteurs, l’emballage du vin et en particulier le verre des bouteilles (voir plus loin), le transport de ces bouteilles jusqu’au consommateur et les déplacements professionnels, tout le reste n’est que foutaise. La viticulture biologique ou Agro-Synergique est-elle à ce niveau plus durable que la viticulture conventionnelle, dans le sens où elle émettrait moins de GES ? Concernant l’utilisation des tracteurs, comme expliqué plus haut, la réponse est bien entendu non !

 

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