Ce débat est ancien et relativement instrumentalisé, mais c’est un débat pour les bobos… Selon certains "Les clones ne correspondent absolument pas aux notions de diversité et de complexité qui appartiennent à notre histoire viticole"…par force puisque la sélection clonale n’est apparue qu’au début des années 1970. Mais il faut se rappeler du pourquoi on a souhaité réaliser une sélection clonale. Jusque-là, si sélection il y avait, elle était dite « massale ». Au lieu d’acheter des pieds de vignes chez un pépiniériste, la sélection massale consiste à repérer sur son vignoble les ceps portant les meilleurs fruits, ou qui paraissent les plus intéressants par l’équilibre qu’ils donnent au vin qu’ils produisent. On prélève ensuite des fragments de sarment et on les multiplie, pour ensuite les replanter. Ce type de sélection est utilisé par les vignerons qui souhaitent conserver le patrimoine viticole d’une très vieille vigne ou améliorer la qualité d’un cépage donné. Nous l’avons fait à partir de nos vieux Malbecs. C’est d’ailleurs la première étape de la sélection dite clonale. Certains viticulteurs s’imaginent qu’en plantant des ceps issus de ce type de sélection ils obtiendront grâce à leur diversité un vin meilleur, plus complexe, des vignes plus résistantes, etc…. Certes il y a plus de variabilité et donc d’hétérogénéité au sein d’une sélection massale par rapport à la clonale, c’est bien là d’ailleurs le problème…En outre, les plants de sélection massale sont souvent d’excellents vecteurs de maladie virales et de dégénérescence incurables de la vigne (enroulement, court- noué, flavescence…). En fait de diversité génétique il s’agit plus exactement de diversité épigénétique 1 . Si les ceps de massale étaient génétiquement différents, ils ne seraient donc plus assimilables au même cultivar (cépage) originel mais en constituerait un autre. La diversité épigénétique 2 est soumise de la même manière à l’érosion génétique au cours de la multiplication végétative qui induit donc, tout comme pour les clones, une altération mitotique des états épigénétiques transmissibles. La sélection clonale est une deuxième étape de la sélection massale initiale. Les ceps les plus intéressants sont isolés et reproduits à l’identique par bouturage en éliminant de la sélection initiale les plants les moins intéressants. Leur qualité dépend donc uniquement des critères de sélection employés. Il est vrai que les premières sélections clonales réalisées l’ont été avec des critères essentiellement productivistes ; la qualité était évaluée d’après la quantité produite à l’hectare et à la capacité de la vigne à accumuler du sucre…Un peu courts comme critères quand il s’agit de produire des vins de haute qualité ! Nous avons donc tous été déçus par ces premiers clones désormais tous arrachés. Mais cela ne remet absolument pas en cause la sélection clonale en elle-même. Désormais, on a disposition une plus grande diversité de clones sélectionnés sur des critères éminemment plus complexe et qualitatifs. Nous préférons donc planter différentes parcelles avec différents clones, ou différents clones dans une même parcelle, pour reconstituer la diversité d’expression absolument indispensable.
https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89pig%C3%A9n%C3%A9tique. La diversité épigénétique est notamment liée au degré de méthylation/acétylation de l’ADN et des histones constituant la chromatine, à la présence ARN non codant, tous ces éléments modifient la transcription d’un génome pourtant identique
Les opposants idéologues nous reprocherons que la diversité de quelques clones n’a rien à voir avec la diversité conférée par des centaines ou des milliers d’individus différents dans la massale. C’est un point de vue qui possède certaines évidences, mais aucune certitude en termes de résultat pratique ! Il me sied plus de gérer une biodiversité comme je l’entends que de subir celle que je n’entends pas. Nous continuerons donc de planter autant de clones différents que possible de chaque cépage à chaque fois que leurs caractéristiques semblent
nous correspondre ; nous les assemblerons ensuite, en vinification ou plus tard, pour utiliser et non subir cette complexité. Pour autant, il est indispensable que les pépiniéristes puissent nous offrir dans un futur aussi proche que possible une aussi grande diversité de clones que possibles ; pour cela les contraintes règlementaires en matière de multiplications doivent évoluer.