Quid du calendrier lunaire et de la prise en compte de l’action des planètes en Agro-Synergie ?

Quid du calendrier lunaire et de la prise en compte de l’action des planètes en Agro-Synergie ?

« Si elle arrive à faire bouger les océans, il n'y a rien d'étonnant à ce que la Lune parvienne également à étendre son influence sur la terre ferme… Et donc dans nos assiettes comme dans nos verres à vin ». Voilà comme le « journalisme » introduit une évidence dans le cerveau des lémuriens. C’est en fait un peu plus compliqué me semble-t-il.

- L’influence de la Lune et des autres planètes

La supposé influence du satellite de la Terre est clairement évoquée déjà par Virgile, poète latin vers 70 avant Jésus Christ, qui tenait compte de la lune et de la position des astres pour le travail de la terre et les cultures. Pline l’ancien au I e siècle, déclare que la Lune « reconstitue la terre ; quand elle s’en approche, elle remplit tous les corps, tandis que, lorsqu’elle se retire, elle les vide ».

Le fait de planter les semences et les récolter en fonction de la Lune est une tradition très ancienne. Dès 1924, Rudolf Steiner, grâce à une cosmologie qui lui est propre, fait coïncider les travaux agricoles avec les phases de lune montante et descendante et inspire la Biodynamie. Le Mouvement pour l’agriculture biodynamique (MABD) justifie aujourd’hui l’influence des astres avec cet argument, issu de la « théorie des marées biologiques » du psychiatre Arnold Lieber, qui peut être vulgarisée ainsi: « la Lune influence les marées, donc l’eau. Or le corps humain et les plantes sont constitués majoritairement d’eau, la Lune peut donc les influencer », Cqfd 1.

Lieber AL, The Lunar Effect : Biological Tides and Human Emotions, Anchor Press, 1978, 168p.

https://www.terrevivante.org/contenu/calendrier-lunaire/

Les marées ont généralement lieu environ toutes les 12 heures. En fait, le rythme des marées coïncide avec la rotation apparente de la Lune autour de la Terre. En effet, la Lune semble prendre 24 heures 50 minutes pour en effectuer le tour. Mais cette rotation apparente s'explique plutôt par la rotation de la Terre sur elle-même. Ainsi, les côtés de la Terre se situant en ligne avec la Lune sont en période de marée haute alors que les zones perpendiculaires à la Lune sont en période de marée basse. Lorsque la Terre aura effectué un quart de sa rotation, les zones de marées basse et haute seront inversées.

(A) Lorsque le Soleil (1), la Lune (3) et la Terre (2) sont alignées, les forces d’attraction (4 et 5) se renforcent mutuellement et provoquent alors des périodes de fortes marées, que l'on nomme marées de vives-eaux. On observe ce phénomène en période de nouvelle Lune et de pleine Lune.
(B) Lorsque le Soleil (1), la Lune (3) et la Terre (2) forment un angle droit, les forces d’attraction (4 et 5) s’atténuent et provoquent alors des
périodes de faibles marées, nommées marées de mortes-eaux. On observe ce phénomène lors du premier et du dernier quartier de Lune.

Le système Terre-Lune-Soleil et les marées 

La promotrice du calendrier lunaire et des interactions avec le cosmos, Maria Thun, suit les thèses de Steiner, mais va également procéder à des démarches expérimentales dans le but de les vérifier et de les améliorer. C’est en semant méthodiquement, chaque jour, une rangée de radis, qu’elle découvrit les influences des positions planétaires et lunaires sur la formation des plantes. En 1952, elle établit des « corrélations » entre la croissance des radis et la position de la lune et ses interactions avec douze constellations du zodiaque. L’idée de formaliser ces interactions entre les plantes, les éléments et le calendrier lunaire naît à ce moment. De ses observations, mais ne mesurant réellement aucun paramètre objectif sur ses radis et se contentant de son ressenti très subjectif donc sensible aux biais cognitifs, elle divisa le passage de la lune dans le zodiaque en quatre: les jours des racines, les jours des feuilles, les jours des fruits et ceux des fleurs. À partir de ses observations, elle publie à partir de 1963 le « Calendrier des semis de Maria Thun » toujours édité depuis 4 . Cependant, selon qu’on parle de

https://www.alloprof.qc.ca/fr/eleves/bv/sciences/le-systeme-terre-lune-et-les-marees-s10764 https://www.bio-dynamie.org/publications/calendrier-biodynamique/

zodiaque en astronomie ou en astrologie, on évoque deux choses différentes. D’un point de vue astrologique, on considère qu’il y a douze signes du zodiaque, qui correspondent dans le ciel à un découpage de la bande zodiacale en douze portions égales. Ces douze constellations sont divisées en 4 groupes: Constellation d’Eau, d’Air, de Feu et de Terre. On rapproche respectivement ces 4 groupes de constellations aux 4 organes des plantes: Feuilles, Fleurs, Fruits et Racines. En tenant compte de ces 4 groupes, le cultivateur effectuera ses gestes sur
les types de plante ou végétaux adéquat. Le classement des végétaux dans un type dépend de la partie consommée de la plante. Mais d’un point de vue astronomique, la bande zodiacale traverse treize constellations du zodiaque dont les contours ont été définis en 1930 par l’Union astronomique internationale. Ces constellations ont des surfaces inégales qui ne coïncident pas avec les signes du zodiaque définis il y a des milliers d’années ! En outre, pour rappel ou information, les constellations zodiacales n’ont en réalité aucune existence physique : elles correspondent seulement à des étoiles vues « proches entre elles » depuis la Terre mais qui n’ont en fait aucune relation astronomique car elles sont éloignées chacune par de très grandes distances...

Ces pratiques ont de tous temps été discutées et surtout mises en doute par les agronomes des XVII e et XVIII e siècles 5 . Olivier de Serre, que l’on se prête souvent à citer, s’interroge en remarquant que les traditions sont quelquefois contradictoires selon les régions: « Les jardiniers d’Avignon et ceux de Nîmes, quoique sous le même climat, ne sont pas d’accord sur tout : faisant heureusement les uns en une Lune, ce que de même les autres font en une autre». La Quintinye, jardinier de Louis XIV, consacre un chapitre de son ouvrage aux effets de la
lune sur les plantes horticoles. Ses conclusions sont sans appel. Après plus de trente ans, il considère que tout ce qu’il a « appris par ses observations longues et fréquentes, exactes et sincères, a été que ces décours ne sont simplement que dires de jardiniers malhabiles ; ils ont cru par-là, non seulement mettre à couvert leur ignorance à l’égard des points principaux du jardinage, mais en même temps ils ont espéré s’acquérir par ce jargon quelque croyance auprès des honnêtes gens, qui n’entendent rien à l’agriculture ». Une cinquantaine d’années plus tard, Duhamel du Monceau, après avoir lui-même expérimenté, considère qu’il « faut abandonner ces pratiques comme tout à fait ridicules et opposées à la bonne physique qui est
toujours soumise à l’expérience ».

Pour rester sur la comparaison aux marées, ce qui crée les marées n’est pas l’attraction gravitationnelle de la Lune, du Soleil ou d’autres constellations, mais plus exactement la différence d’attraction gravitationnelle de la Lune et du soleil entre les deux faces de la Terre (la face la plus éloignée est moins attirée). Nous sommes en premier lieu attirés par la Terre, puis par le Soleil (environ 1 500 fois moins) et enfin par la Lune (160 fois moins que le Soleil 6 et 240 000 fois moins que la Terre). Ne parlons même pas des autres planètes ou étoiles qui sont beaucoup trop loin pour avoir un effet. C’est uniquement parce qu’il s’applique sur les 12 700 km de diamètre de la Terre que la marée parvient à déplacer des masses d’eau de quelques mètres de hauteur (ce qui à l’échelle de la Terre est également très faible) !

5 Noëlle Dorion et Jacques Mouchotte 2012 « Jardiner avec la lune : Mythe ou réalité ? », dossier réalisé par le conseil scientifique de la Société nationale d’horticulture de France, 16p. (ww.snhf.org)

Cet effet est donc très faible à l’échelle humaine et encore moins à l’échelle d’une plante ou d’un microorganisme. Mais si ces effets sont faibles ou très faibles, ils n’en demeurent pas moins existants.

Pour autant faibles qu’ils soient, quels seraient leurs effets sur la vigne et son environnement ?

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